Je suis bien placé pour dire que la poésie française
doit à Michel Valette une de ses plus grandes aventures. Certes avec Prévert
et Kosma et quelques autres, la poésie
avait déjà flirté, avant lui, avec la chanson,
mais épisodiquement. Or à la fin des années 50, cette célébration du
mariage de la poésie et de la chanson fut l’objet d’une opération
concertée. L’idée partait de la
constatation de Mac Luhan que la
civilisation Gutenberg était en péril et qu’il
convenait de trouver au poème un support beaucoup plus populaire que le
livre. Et pourquoi pas la chanson
puisque, à l’origine, la poésie était chantée dans les
rues? La suite a prouvé que l’audio et le visuel prenaient le pas sur l’imprimé au point
d’en faire, à présent, une
espèce en voie de disparition. Le calcul était donc bon. Une telle
ambition supposait qu’on puisse rapprocher les éléments producteurs:
poètes, musiciens, interprètes et qu’on puisse assurer la
promotion. Valette et son
cabaret «La Colombe» furent le re Jean l'Anselme |